Michaël Potier, quarantenaire diagnostiqué surdoué, zèbre, en novembre 2023. Interné régulièrement en psychiatrie par différents psychiatres n'ayant aucune connaissance de l'univers des Hauts Potentiels intellectuels et émotionnels. Pensées philosophiques, science et conscience, poésies, journalisme et humanité. "Il y a ceux qui n'osent pas, et d'autres qui vont plus loin". Partagez, merci :-)
Assis, posé, un peu de pain d'épices, une pomme, deux bananes, une petite bouteille de thé vert ainsi qu'un jus, je démarre une séance.
Je suis accompagné de musique, de la musique binaurale, adaptée, afin d'encourager mon esprit à écrire.
J'ai déjà une idée du sujet, un jeune homme vient de m'en parler via le messenger de facebook : le parasite. Oui je serais un parasite, un gros parasite.
Qu'est-ce qu'un parasite ? la question du jour. Un parasite est par définition une sorte de microbe, d'insecte, polluant, gênant, peu reluisant, c'est cela un parasite. Une larve.
Alors moi je dis que je ne suis pas un parasite, ni une larve, ni un moins que rien. Je ne suis pas parasitaire, vicieux, méchant. Pas ce genre de chose ou personnage.
La vie est faite de rencontres diverses, les chemins se croisent, arrivent à des carrefours, avec ou sans feux, avec ou sans stop, avec ou sans priorités, chacun est libre de continuer sa route, l'arrêter, bifurquer, tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt droit devant, et même en marche arrière. Parfois il y a des accidents, des blessures, plus ou moins grave, qui font mal, plus ou moins aussi. La vie est un chemin.
Les êtres viennent tous à la vie sans savoir qu'ils continuent un chemin, les êtres pensent qu'ils sont apparus de nulle part, et disparaîtront un jour, comme ça, pour toujours, à jamais. Autant ne pas vivre alors, si le chemin parcouru est voué à son auto disparition.
Par exemple, je suis là, présent, dans mon instant T devant un lac, un terrain de jeux pour enfants à quelques mètres, des arbres, quelques moustiques volant, un monsieur marche, je pense qu'il rejoint son collègue qui travaille à la pelleteuse, oui il y va.
Et je suis là aussi, sous forme écrite, et il te faut imaginer ce que je vois, donner des couleurs à la brisure du vent, ressentir le morceau de pain d'épices se détériorant dans ma bouche, le fluide du thé vert tombant au fond de ma gorge. Il faut imaginer.
Le parasite t'emmène, désires tu le suivre ? as tu envie de savoir si il est le lapin blanc d'Alice, l'enchanteur aux histoires folles, le magicien farfelu ? Je ne suis pourtant qu'une suite de mots. Là, présent, dans ta mémoire.
Je ne pars plus, je fais parti intégrante de ta pensée, le parasite est entré, le parasite commence à se fonder dans ton cerveau, se mélangeant à tout ce que tu connais, tout ce que tu sais, tout ce que tu penses savoir, tout ce que tu ne sais pas encore, le parasite se multiplie, oui c'est un parasite d'idée, un minuscule microbe, une insignifiance. Le parasite est spécial, ses mots sont dans ta tête, sous hypnose, tes yeux continuent d'emmagasiner le parasite, c'est troublant.
Le parasite n'est pas méchant, n'ais crainte, c'est un parasite idée/adn. Les idées/adn ça modifie la structure des précédentes idées/adn, ça malaxe, ça fait cogiter, ça peut faire stresser, mais ça ne dure jamais bien longtemps. De toute façon il est trop tard, le parasite/idée/adn est inclus désormais, il reste là, à te faire réfléchir, de quoi ? de tout !
Les idées remettent en cause les idées, ce que l'on sait, ce que l'on pense savoir, sur les parasites. Je t'ai dit que j'étais un gentil parasite.
Mon but n'est pas de te faire peur, sur ce que je suis, sur ce que tu penses que je suis, sur ce que tu penses que je ne suis pas, je te fais juste réfléchir, toi jeune homme sur messenger, qui a dit que j'étais un parasite. Tu m'as dit que je devais me faire soigner, je t'ai répondu de quoi, tu ne m'as pas donné de réponse, je ne dois pas être aussi parasite que ça.
Je change de musique, le son binaural ambiant est un peu trop parasite.
Les oiseaux chantent, la rivière parcours la forêt, les notes sont douces, apaisantes.
Une mère est là, sur ma droite, assise sur un banc, un jeune enfant marche à côté, un bébé sans sa poussette. Le seau, la pelle, le sable, ils jouent tous les trois. Je la vois mettre un peu de sable avec la pelle, dans le seau. Elle étale une serviette, elle se pose, ses deux enfants sont dans ses bras, c'est beau.
Cette mère a déjà fait un parcours de vie, et cette femme a mis au monde deux autres parcours de vie, elle a conçu ces parcours avec un autre parcours, peut-être deux aussi, et avant, elle a peut-être faillit mettre au monde un parcours de vie avec un parcours de vie précédent. Peut-être qu'elle mettra au monde un troisième parcours de vie.
La vie est donc un chemin, une naissance quelque part, un apprentissage, une école, un travail, un amour, des amours, des rencontres, des pertes, la mort. Cela dure un temps, un certain temps, assez pour que cette vie soit quelque chose de réel.
Son petit de trois ans vient de glisser le long du toboggan, son bébé est dans ses bras, elle le repose dans la poussette.
Que vont devenir ces parcours de vie ? Ces enfants iront ils à l'école, divorcera t-elle, seront ils tous heureux en famille ? Personne ne le sait.
Les parcours de vie ont tous un parcours particulier, unique. Chaque parcours suit son chemin, avec des buts, des rencontres, des endroits, des choses à vivre. C'est la vie, c'est ce parcours.
Les chemins sont verts de prairie, naviguant sur l'eau, marchant sur le sable, roulant sur le goudron, trébuchant parfois sur des pierres, tombant, se relevant, les chemins sont tout cela.
Chacun vit sa vie, chaque être suis son parcours, ce parcours n'a pas de fin.
Mon propre parcours me fait dire que tout continue, les carrefours sont entrés en collisions de nombreuses fois, avec toujours des petites routes pour repartir, encore.
Je me suis un peu perdu au fil de mon écriture, mais tu as compris que personne n'est un parasite, un ami vient d'arriver avec un autre pote, entrés dans mon parcours il y a quelques temps, peut-être partiront ils au détour d'un chemin, peut-être quitteront ils le parcours, je ne sais pas, je n'en sais rien.
La vie est une suite de rencontres improbables, toujours en découverte.
Gentil parasite.
Michaël